Nicole VULSER, « Les entreprises face aux secrets du passé » , Enquête | Le Monde | 07.11.11 | 14h39 | Mis à jour le 08.11.11 | 07h44, In http://www.lemonde.fr/economie/article/2011/11/07/les-entreprises-face-aux-secrets-du-passe_1599955_3234.html
Je vous signale cet article très
intéressant relatif aux enjeux de la préservation de la mémoire des archives de
l’entreprise. Cet article suscite des réflexions de prospective concernant les
archives du monde du travail et la nécessité d’une partenariat entre les
secteurs public et privé, comme l’aboutissement d’un projet initié en 1926 sous
l’impulsion de Charles Schmidt alors inspecteur général des bibliothèques et
des archives.
Il fut un temps où les "vaches étaient moins maigres"
et où les Archives de France, conscientes à la fois de
l'intérêt des archives des entreprises et de leur difficulté à les collecter et les
conserver, avaient lancé un projet ambitieux de création de plusieurs
centres pour les accueillir. Un seul a vu le jour, celui du "Monde du
travail" à Roubaix. Il est clair désormais qu'au regard des contraintes
économiques et budgétaires, l’État comme les collectivités territoriales,
n'auront pas de sitôt les moyens d'assurer les investissements nécessaires,
afin d’assurer à très long terme, la pérennité d’un projet vieux de plus de 90
ans, celui de mettre en valeur pleinement dans le cadre de la recherche
historique, les archives du monde du travail (dites « archives
économiques » ou « archives d’entreprises »). Ce projet bien légitime et au combien
indispensable en terme de mémoire du monde de l’entreprise, ne pourra se réaliser qu'en partenariat avec
le secteur privé en terme de financement d'infrastructure de conservation et de
collecte des archives d'entreprises.
Comme le précise l'article du
Monde, le service interministériel des archives de France (SIAF) ne recense que
28 fonds d'archives historiques d'entreprises, ce qui est peau de chagrin au regard
des milliers de mètres linéaires qui entrent chaque année dans les fonds
conservés par les sociétés d'archivage et pour ne pas les nommer : Iron
Mountain, Recall, Everial, Locarchives, AGO, SGA, Archiveco, Novarchive, Archiv System,
(membres de PAGE – Association des
prestataires en archivage et gestion externalisée) sans parler des autres
prestataires non-membres. Je pense que nous n'aurons pas ici la naïveté de dire que
« Ces archives déposées ne sont que des archives éliminables à
terme... »
Un grand pas a été franchi avec
la mise en place d’une part, de la norme NF Z40-350 (Archivage - Prestations d'archivage et de gestion externalisée de documents)
et d’autre part, la procédure d'agrément des prestataires par le SIAF permettant la conservation des archives publiques
(Décret n°79-1037 du 3 décembre 1979).
Ces évolutions majeures ont contribué grandement à la sensibilisation des
prestataires au regard des processus de collecte, de conservation, et de mise
en œuvre des prestations d'une manière générale. Je pense qu'il faut désormais
aller encore plus loin sur le registre de la mise en valeur historique de ce
patrimoine. Et c’est ici que l’administration des archives doit encore
pleinement jouer son rôle en recherchant des partenariats avec les
interlocuteurs du monde de l’archivage dans le secteur privé (entreprises,
prestataires, associations professionnelles, etc.). Pour l’avoir vécu moi-même
en immersion au sein de certaines de ces sociétés, je ne pense pas que les
prestataires soient totalement désensibilisés sur ce registre, certains pensent
déjà qu’ils auraient sans doute à gagner en notoriété et en terme d’image de
marque pour leur société et les clients qui leur font confiance.
Comme nous l'avons vu le rôle de collecte et de
conservation est en grande partie assuré par les prestataires en terme de
volume, ceci est une réalité, car cette collecte entre prioritairement dans la
stratégie de rentabilité. Et je dirai même que ce rôle est de mieux en mieux
assuré au regard d’une volonté de respecter les normes et référentiels qui sont
désormais incontournables. En revanche, la volonté d’une mise en valeur du
patrimoine est évidemment moins marquée.
La recherche de partenariat dont
je parlais plus haut, doit me semble-t-il être explorée sur deux volets :
- En terme d’infrastructure : Recherche de financement provenant du privé et pourquoi pas l’exploitation en commun d’infrastructure de conservation (financement public et privé).
- En terme de conservation des archives définitives (matériau de la recherche historique) : le financement ou l’exploitation en commun de telle structure ne pourra qu’encourager la valorisation des archives définitives.
Il faudra sans doute
bouleverser d’un coté comme de l’autre, énormément les mentalités, mais ce
n’est que dans cette perspective, au regard de l’évolution de la situation
économique et budgétaire sans cesse à flux tendu, que nous pourrons
pleinement finaliser ce projet de mise en valeur des archives du
monde du travail, initié par nos deux Charles - Schmidt et Braibant - dès 1926 et 1949 (voir
Archives nationales du monde du travail (ANMT)
- Menu : Qui sommes-nous ? / Historique institutionnel)
Article publié le 8 novembre 2011
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